Changer le monde en 5 étapes : Jeunesse

Par Eleama O.

changerlemonde

Je suis idéaliste. C’est de mon âge. C’est en tout cas ce que me disent les aînés, ceux qui ont appris à leurs dépends que pour pouvoir intégrer la vie d’adulte, il faut faire des compromis avec ses idéaux. Mais moi je vais tout juste avoir 20 ans et je veux changer le monde. Surtout, je veux être une adulte engagée, en accord avec ses valeurs, je veux pouvoir me dire plus tard que j’aurais servi à quelque chose… Je veux que le monde que je laisserai en partant soit un peu meilleur que celui dans lequel je suis arrivée. Pour réussir, je réfléchis. Je cherche, j’observe les autres, je me trouve des « modèles » d’engagements, j’essaie de comprendre ce que je veux, qui je suis. Toute cette réflexion est loin d’être achevée mais aujourd’hui, j’ai envie de la partager avec vous.

Petit guide en forme de journal de bord, entre observations et réflexions, voici comment je pense qu’on peut changer le monde.

Étape n°1 : Prise de conscience

prise-de-conscience-Copie

Le monde autour ne vous convient pas, vous voulez le changer et l’améliorez, mais comment ? Vous râlez, mais ça ne va pas plus loin.
La première étape pour amorcer votre sauvetage du monde, c’est de découvrir votre cause. Il y a tant de choses qui méritent qu’on se battent pour elles. On ne peut se battre pour tout efficacement. Quelle cause vous touche particulièrement, vous révolte au delà du supportable ? Pour laquelle êtes-vous prêts à changer vos habitudes ?
Souvent cette découverte survient par un déclic : une situation qui met le feu aux poudres, un film, un livre… Un rien peut tout chambouler et révéler votre cause. Mais ce n’est qu’une prise de conscience, ce qui veut dire que tout cela, cette volonté, était là bien avant. Et si un événement fait éclater au grand jour le problème et vous lance sur les chemins de l’engagement, il est un simple élément déclencheur qui ne peut se produire que dans un contexte particulier. Ce contexte, il faut le créer. La condition fondamentale, c’est d’être prêt à ouvrir les yeux, à voir en face la vérité qu’on se cachait pour sauver notre mode de vie. Il faut sortir de sa zone de confort. Il faut vouloir devenir lucide pour que la prise de conscience puisse intervenir.

Pour rendre tout cela plus concret, je vous partage ma propre expérience !
D’abord, mon expérience du végétarisme. Pendant des années j’ai admiré les personnes qui avaient le courage d’arrêter la viande, sans avoir la force de franchir le pas. J’adhérais totalement, mais je n’étais pas capable. Un jour, j’ai décidé que je voulais ouvrir les yeux, être en accord avec moi-même. Un jour j’ai décidé que l’argument du goût ne me suffisait plus pour continuer à manger de la viande. Quand je me suis sentie prête, j’ai regardé Earthlings, en sachant très bien que ça changerait tout. J’ai pris le temps qu’il m’a fallu, et je l’ai fait. Mes yeux ouverts, je ne pouvais plus revenir en arrière.
Mais le film n’était qu’un prétexte. Il m’avait mis la vérité sous le nez, mais ça avait été possible parce que j’avais décidé d’ouvrir les yeux sur cette cause en particulier.

Autre exemple : mon projet associatif Je Suis Indestructible France. Son but est de venir en aide aux survivant-e-s de violences sexuelles, de les aider à briser le silence, les accompagner dans les démarches vers les professionnels et aussi de briser les tabous et les préjugés qui se mettent sur leur route. Comment ne pas se révolter contre l’horreur du viol ? Évidemment, personne n’est pour, mais tout le monde n’est pas prêt à donner de son temps. Tout le monde voudrait que ça change, mais tout le monde n’est pas forcément prêt à agir. J’ai été révoltée passive, et puis j’ai décidé que je voulais que ça change, et à force de voir tous ces gens en souffrance autour de moi, j’ai dû faire quelque chose. J’étais prête à lancer le projet.

Étape n°2 : La révolte

revolution

Voilà, vous avez eu le déclic, vos yeux se sont ouverts d’un coup et vous voulez tout changer, tout de suite, la situation vous paraît inadmissible. Vous êtes en colère, vous voulez ouvrir les yeux de tous vos proches, qu’ils comprennent, que tout le monde voit et se lève à vos côtés pour lutter. Vous changez vos habitudes, revoyez votre manière de vivre et vous lancez même parfois dans des discours passionnés destinés à convertir votre entourage. Comme le rideau s’est levé d’un coup, la révolte déferle et c’est cela qui caractérise cette étape. Avant, la vérité que vous avez découverte était comme une étendue d’eau retenue par un barrage, elle était calme, loin. Mais le barrage vient de céder et la force du courant vous emporte. Parfois, cette colère peut mener jusqu’à une certaine violence… Cette étape peut être difficile à traverser, on peut s’y sentir seul-e, puisque notre révélation est très personnelle et il peut parfois être dur d’accepter l’immobilité des autres face à notre révolte si grande, face à une situation si écoeurante que personne d’autre ne semble voir. Mais c’est aussi un moment de rencontre, de partage avec une nouvelle communauté, ce qui s’avère souvent très enrichissant.

Encore une fois, j’utilise ma propre expérience pour rendre mes dires plus concrets 😉
Premièrement, mon végétarisme. Au départ, je voulais changer mes habitudes progressivement. Dans les faits, une fois décidée, j’ai arrêté en une semaine. On a vu mieux comme changement progressif… Je ne voulais plus acheter de viande. Plus question de progression, je me suis ruinée sans trop réfléchir en substituts de supermarchés, galettes de soja et autres dérivés, pas forcément bons et souvent hors de prix. Je voulais changer vite, pas le temps de réfléchir au remplacement, je me suis débrouillée. Et puis le végétarisme est devenu un de mes principaux sujets de conversation, au point de quelques fois (j’espère pas trop souvent ^^) agacer mes proches. Mais en même temps j’ai rencontré de nouvelles personnes, beaucoup appris et découvert pas mal de blogs que je suis maintenant assidûment !
Pour Je Suis Indestructible ce fut tout aussi flagrant : toutes mes heures passaient dans le projet, je ne parlais plus que de ça, et ramenais tout à la culture du viol. Le monde entier me semblait pourri jusqu’à la moelle et j’avais parfois l’impression de me battre pour une cause perdue sans pouvoir pourtant arrêter de lutter. Je me sentais seule, seule, seule, embourbée dans le tabou du viol et détestais à la fois ce monde et tous les gens qui détournaient le regard face à la souffrance qui me crevait les yeux. Dans ce cas, cette phase a été difficilement vivable… J’y ai rencontré beaucoup de révolté-e-s comme moi, mais aussi beaucoup de personnes blessées. Ça a été dur, un vrai défi. Je ne pouvais pas tenir le coup en restant dans le même état d’esprit, alors il a fallu trouver un moyen de progresser vers une nouvelle étape de mon engagement


Cette révolte a une durée très variable et peut tout à fait s’éterniser. J’ai même eu l’impression face à certaines personnes qu’ils s’étaient arrêtés à cette phase, qu’elle était pour eux un aboutissement. On peut trouver cela légitime et admirable, cette révolte et ce combat passionné, mais de mon côté, je ne l’ai pas toujours bien vécu, la colère m’a parfois gâché la vie et j’ai ressenti le besoin de la dépasser. Je veux que mon engagement soit durable et cette colère permanente n’est pas vivable à long terme pour moi. Donc ce n’était pas une solution. C’est la souffrance qu’engendrait ce trop fort sentiment d’injustice, et cette colère qui ne me lâchait jamais qui m’ont poussé vers d’autres étapes. Je pense que celles-ci forment un cap, une deuxième phase de l’engagement. Je vous en parlerais donc dans un deuxième article qui suivra dans les prochaines semaines 😉

J’espère que ce premier article vous a plut et c’est avec plaisir et impatience que j’attends vos témoignages et vos propres expériences d’engagement 😉
Alors, vous en êtes où dans votre plan pour changer le monde ? 😉

2 réflexions sur “Changer le monde en 5 étapes : Jeunesse

  1. Bonjour Eleama, j’admire ta façon de voir les choses, ton envie de faire bouger la société. Je crois qu’on a tous ce pouvoir et je suis persuadée que les vraies changements viendront de la base, de personnes comme toi et moi et non pas des politiques qui eux agissent en fonction de leurs intérêts.
    Peut-être qu’avec l’âge ^^ on se calme un peu parce qu’on a moins de temps et d’énergie(?) pour se battre, mais le coeur y est toujours et on se bat différemment. Par les valeurs qu’on transmet à ses enfants, par exemple…
    En tout cas, j’attends la suite de tes articles 😉

    • Merci, ça fait plaisir à lire 😀
      Effectivement, le changement vient d’en bas, les politiques agiront sans doute mais sous la pression de l’opinion, donc c’est d’abord à nous de changer, j’en suis persuadé 🙂 Mais ce n’est pas si simple de prendre conscience de sa force de citoyen !
      Je pense en effet qu’avec l’âge, la façon dont on milite change… Je détaille ça dans les prochains épisodes 😉 Et promis, on parlera éducation (même si pour moi ce n’est encore que théorique !) ! Ca serait d’ailleurs sympa d’avoir l’avis d’une maman engagée, qui témoignerait de sa méthode pour transmettre ses valeurs ! :O Je vais y réfléchir 😛
      A très vite 😉

Laisser un commentaire